Premières lignes #31 - 2019
Premières lignes #31 - 2019
Rendez-vous pour
vous donner envie de découvrir ma lecture du moment
Les
premières phrases … avant de lire ma chronique dans quelques temps.
L’aveu
Lundi 27 février 1917, Petrograd
Il-est-mort.
Ce sont les trois mots les plus cuisants que j’ai eu à prononcer. Et
pourtant, je ne souffrais pas encore. Non, j’étais bienheureux ! Ce n’est
que face à votre douleur que j’ai réalisé mon erreur, ma cruelle illusion
d’avoir voulu posséder ce qui ne peut souffrir aucun maître : l’amour.
J’ai alors compris que mes espoirs n’étaient que chimères, mais je l’ai compris
trop tard. Je l’avais déjà tué.
Ils l’ont tué, c’est ainsi que je vous
l’ai annoncé. C’est vrai, ce n’est pas moi qui ai appuyé sur la gâchette. J’ai
juste vu. J’ai vu, et je n’ai pas bougé, glacé, immobile entre les secondes,
avec entre mes mains le seul geste capable de le sauver.
La
balle s’est logée dans son dos, juste là, sous l’omoplate, à gauche près du
cœur. Je le sais, parce que j’ai vu. J’ai contemplé sa chute, son effondrement
sur le pavé.
Son
corps entre mes bras, lorsque ses yeux vitreux se sont accrochés aux miens,
tremblait encore de l’impact fatal. Il a toussé et de ses lèvres s’est échappé
un filet de sang épais. Saisissant ma main sur sa poitrine, il a puisé dans ses
ultimes forces pour murmurer :
— Tu
prendras soin d’elle, n’est-ce pas ?
J’ai
acquiescé, et ses prunelles se sont éteintes.
Et à
cet instant, je n’ai pas pensé que mon ami était mort, non. J’ai cru que notre
amour avait une chance, et pour cet amour je l’ai sacrifié.
1
Elle
frémit devant la beauté du tableau
L’air
était doux, un pigeon prenait son envol, et le ronronnement d’une voiture
disparaissait au coin de la rue. Les pas d’une jeune femme résonnaient sur les
pavés encore humides, les ondulations de sa longue jupe corolle accompagnant la
cadence de sa marche. Élégante, les épaules fines sous un chemisier fleuri, le
pied souple, elle s’appelait Éva. Flottant à sa suite, un parfum d’ylang-ylang
et une longue chevelure dorée. Ses iris d’azur reflétaient les fenêtres
élancées des immeubles, les toits et, un peu plus haut, le ciel dominant Paris.
Éva
aimait la rumeur de la ville, fourmilière qui s’éveille, qui bâille, s’étire,
s’ébroue, et se prépare pour une nouvelle journée. Elle s’imaginait l’intimité
des appartements environnants, les jambes enlacées des amoureux alanguis, le
trait d’eye-liner rapide et adroit d’une femme pressée. Mais aujourd’hui, ce
n’était pas l’une de ses promenades matinales habituelles. Éva avait une
destination bien précise qui l’avait menée vers le quartier de la
Butte-aux-Cailles, jusque devant cette façade grisonnante se dressant sur trois
étages.
Elle
s’immobilisa et contempla les grands volets de bois masquant la vitrine de
l’ancienne librairie. Ventre noué, Éva s’avança vers la porte de l’immeuble ...
→ Ambiance Russe et romantisme pour ce livre qui
nous fait voyager.
Titre
: Le bruit des pages (9 avril 2019)
Auteur
: Livia MEINZOLT
Éditeur
: Éditions Charleston
Nombre
de pages (papier) : 391
Ce rendez-vous
hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.
Il s’agit de
présenter chaque semaine l’incipit (premières phrases) d’un roman. Il vous
permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une
atmosphère.
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