Premières lignes #24 - 2019
Premières lignes #24 - 2019
Rendez-vous pour
vous donner envie de découvrir ma lecture du moment
Les
premières phrases … avant de lire ma chronique dans quelques temps.
Alice
et Vincent entrent dans l'enceinte de l'hôpital. Le gardien à l'entrée fouille
le sac d'Alice du bout des doigts, sans trop y croire, puis les laisse passer.
Ils marchent côte à côte sans se parler, longent la pelouse famélique, la
cafétéria de l'hôpital qui est si triste certains jours, si gaie aujourd'hui,
on se demande bien pourquoi. Alice trouve même qu'il y a une bonne
ambiance. Quelle drôle d'idée vraiment. Ils entrent dans le bâtiment principal,
la maternité, il y a des familles et des enfants un peu partout. Un petit
garçon en pyjama dort sur des chaises en plastique, sa mère parle très fort au
téléphone en agitant les mains, ses bagues font un léger bruit métallique
qu'Alice remarque. Ils prennent un premier ascenseur, puis un deuxième. Une
femme enceinte entre avec eux en se dandinant péniblement, un homme la soutient
par le bras, elle semble énorme et souffle en gémissant. Alice remarque que la
fermeture Éclair de ses bottines n'est pas fermée parce que ses pieds sont trop
gonflés. Elle a presque envie de dire bon courage à la femme enceinte
mais elle n'ose pas. On ne dit pas ça aux femmes enceintes. On ne leur dit
d'ailleurs rien de ce qui les attend, des mensonges oui, des belles images
certainement, des sentiments faciles d'accord. Rien de la violence, rien de la
peur, rien de la fatigue. Rien du combat. Alice et Vincent descendent au
troisième étage, laissant la femme enceinte aux pieds d'éléphant à ses rêves de
délivrance et de bébé dodu. Ils arrivent devant la porte du service de
néonatalogie : ils sonnent à l'interphone, s'annoncent, entrent, ouvrent
leur casier fermé à clef, y déposent leurs sacs, leurs manteaux,
se lavent soigneusement les mains au savon, pendant plusieurs secondes,
chacun leur tour, sans parler, sèchent leurs mains avec du papier puis les
passent sous une pompe géante de solution hydroalcoolique, se les frictionnent
longtemps, sèchent à nouveau leurs mains avec du papier, enfilent chacun une
blouse jaune transparente, Vincent attache celle d'Alice dans le dos, Alice
attache celle de Vincent dans le dos.
Et ils
ouvrent la porte qui sépare leur bébé du reste du monde. Chaque matin, après
avoir accompli tout cela, Alice met la main sur la poignée de la porte, chaque
matin elle prend une grande inspiration, ferme les yeux ...
→ Une situation difficile à vivre pour de jeunes
parents. César est né.
Titre
: À nous regarder, ils s'habitueront (3
janvier 2019)
Auteur
: Elsa FLAGEUL
Éditeur
: Julliard
Nombre
de pages (papier) : 192
Ce rendez-vous
hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.
Il s’agit de
présenter chaque semaine l’incipit (premières phrases) d’un roman. Il vous
permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une
atmosphère.
Commentaires
Belle fin d’été Flaure
Bises
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