Premières lignes #17 - 2020
Premières lignes #17 - 2020
Rendez-vous pour vous donner envie de découvrir ma lecture du moment
Les premières phrases … avant de lire ma chronique dans quelques temps.
Prologue
Giuseppe Giangrandi est si vieux que la peau de son visage, tannée par le soleil et plaquée sur ses os, lui donne l’air sévère d’une momie égyptienne. Pourtant, ses traits sont adoucis par le sourire de gosse qu’il arbore en examinant l’escarpin rouge tout juste assemblé. Cette fois encore, ses doigts tordus par des années de labeur n’ont pas tremblé lorsqu’il a levé le patron, piqué la peau et paré la semelle, et il se félicite de la qualité du repliage et de l’aspect du cuir, lisse et brillant comme une cerise.
Aujourd’hui, Giuseppe a œuvré avec la sensation d’avoir vécu quatre-vingt-dix-huit années pour arriver à ce jour singulier, même si rien n’est différent de d’habitude. Il s’est réveillé avec le chant des oiseaux, vers cinq heures trente, et il a sifflé avec eux, comme tous les matins. Ici, dans ce petit village d’Émilie-Romagne qu’il n’a jamais quitté, les piafs se lèvent toujours à la même heure, allez savoir pourquoi…
Les gens racontent que c’est à cause du réverbère, planté en bas du chemin bordé de rocailles, qui serpente jusqu’à la maison. Giuseppe préfère imaginer qu’ils chantent pour lui, que ce sont ses oiseaux particuliers, ses petits becs moqueurs, ceux que sa mère nourrissait dans le noisetier quand il était môme.
Pour qui chanteront-ils après son départ ?
Cette question, Giuseppe se la pose souvent depuis qu’il traîne chaque jour un peu plus sa carcasse. Il est si voûté, si proche de la terre fertile de son Italie natale qu’il semble prêt à y retourner à chaque instant.
Comme tous les matins, il a bu son café dans son atelier, vaste pièce baignée de lumière, les yeux perdus au loin dans le vert profond de ses chères vallées.
Comme tous les matins, il n’a pas eu besoin de grand-chose : un ristretto, la beauté de ce qui l’entoure, la douceur des fruits de son jardin et le souvenir de Philomène, son magnifique amour, parti bien trop tôt. C’est en pensant à elle qu’il ...
→ "Comme un enchantement" est une lecture qui porte bien son titre ! (Les lectures de Lily)
Titre : Comme un enchantement (26 février 2020)
Auteur : Nathalie HUG
Éditeur : Calmann-Lévy
Nombre de pages (papier) : 324
Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.
Il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit (premières phrases) d’un roman. Il vous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.
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